Trois raisons pour lesquelles Israël a reculé, et Ahed Tamimi sera libérée

Ahed 1

L’armée israélienne a été forcée de céder et  de laisser tomber 8 des chefs d’accusation à l’encontre d’Ahed dans le cadre de la négociation de plaidoyer, par laquelle Ahed a reconnu devant le tribunal le fait qu’elle avait giflé le soldat et appelé à des manifestations. En échange, Ahed se verra infliger la condamnation  minimum de 8 mois d’emprisonnement  au lieu de passer au moins 3 ans en prison en se fondant sur ce que le procureur militaire demandait au départ. Des avocats au Tribunal  Militaire  d’Ofer nous ont dit que nous aurions de la chance si l’on nous proposait 2 ans lors de la négociation de plaidoyer. Mais maintenant, Ahed sortira  en juillet — assez tôt pour s’inscrire  en première année à l’Université. Pendant les quatre prochains mois de prison, Ahed se concentrera sur ses études  et passera ses examens de dernière année . La mère d’Ahed, Nariman, sera aussi libérée en même temps.

Le fait qu’une enfant soit emprisonnée pendant 8 mois pour avoir giflé un soldat  appartenant à un groupe qui venait de tirer en plein visage de son cousin âgé de 15 ans, est excessif, mais dans le contexte du taux de condamnation  de 99 %  dans le système des tribunaux militaires israéliens  et des instigations d’extrême-droite contre Ahed, ce compromis accepté par l’armée israélienne montre qu’elle a décidé de reculer devant la pression croissante en faveur de la libération de Ahed. En fait, elle suppliait l’avocat de Ahed, Gaby Lasky, d’accepter la négociation de plaidoyer. Vous trouverez ci-dessous les 3 principales raisons pour lesquelles l’armée israélienne a été forcée de céder, et de prononcer à l’encontre de Ahed la condamnation minimale possible:

(1) Ahed a refusé d’être contrainte si bien qu’il n’y avait pas suffisamment d’éléments de preuve pour la condamner.

Israël a soumis Ahed Tamimi à des interrogatoires musclés de l’armée, menés par un membre des services de renseignement de l’armée israélienne. Les tactiques d’interrogatoire ont été menées pour la contraindre à se reconnaître coupable des 12 chefs d’accusation portés contre elle. Les enfants détenus, qui sont souvent battus, désorientés, et effrayés, finissent par dire tout ce que l’interrogateur  veut qu’ils disent — mais Ahed a courageusement fait respecter son droit à rester silencieuse tout au long de l’ensemble de l’interrogatoire.

Ne pouvant casser Ahed, l’armée israélienne a arrêté 10 autres Palestiniens de Nabi Saleh, 8 d’entre eux étant des enfants. Ces enfants  sont aussi  restés inébranlables et se sont refusés à permettre à l’armée de les contraindre à donner de faux témoignages pour condamner Ahed.

Par conséquent, le procureur ne disposait pas d’assez d’éléments de preuve pour condamner Ahed, ce qui a rendu difficile l’achèvement de son procès, surtout qu’il bénéficiait d’une importante attention internationale.

(2) Le cas de Ahed a provoqué un tollé mondial massif de la part des citoyens jusqu’aux diplomates: des millions de personnes dans le monde entier ont regardé sous le choc qu'une fille de 16 ans était terrorisée, et Israël a échoué à raconter l’histoire.

Après une campagne massive de l’extrême droite israélienne demandant l’arrestation, et parfois même le meurtre, de Ahed, ce qui a été  suivi de son arrestation, Ahed est rapidement devenue le symbole des enfants palestiniens. Des dizaines de réseaux d’information sont accourus pour faire des reportages sur son histoire, et ce faisant   ont mis en lumière la détention des enfants palestiniens dans les tribunaux militaires israéliens. Plus de1,75 millions de gens dans le monde ont agi par l’intermédiaire  d’Avaaz et ont exigé que Ahed et les enfants palestiniens soient libérés. Amnesty et Human Rights Watch se sont joints à la campagne en sa faveur — et de nouvelles chaînes de la BBC à Xinhua, et de CNN à Al Jazeera ont fait part de son histoire.

Afin de raconter l’histoire dans un sens favorable à Israël, l’ancien Ambassadeur  d’Israël aux Etats-Unis, Michael Oren, a déclaré que la  "famille  Tamimi était faite d’acteurs", ce que les journalistes n’ont pas pris pour argent comptant. Oren a de plus affirmé qu’il y avait à la Knesset  une commission qui enquêtait  sur l“authenticité” de la famille, ce qui a été ridiculisé de façon goguenarde dans les milieux diplomatiques comme un signe de la paranoïa d’Israël et de son incapacité à faire preuve d’humanité envers les Palestiniens.

Dans un dernier effort  pour diffamer la famille Tamimi, Mohammad Tamimi, âgé de 15 ans,  dont le crâne a été fracassé quand un soldat lui a tiré en plein visage, a été arrêté. Ahed a giflé le soldat parce que  elle avait entendu dire que son cousin Mohammad avait été victime d’un tir et était dans un état critique — et cette histoire a renforcé le soutien mondial à son cas. L’armée israélienne a interrogé Mohammad et l’a contraint avec succès à dire qu’il s’était blessé à la tête (un tiers du crâne lui manquait et il a fallu l’opérer pour le remplacer) en faisant une chute de vélo. Le Major-Général Yoav Mordecai a placé les « aveux » de Mohammad sur sa page Facebook. Cependant, la famille Tamimi a rapidement publié les radios, l'enregistrement, et les rapports de l’hôpital qui prouvaient sans équivoque que Mohammad avait été victime d’un tir, ce qui a forcé l’armée à se rétracter.

Mohammad Tamimi — au crâne fracassé par une balle tirée par un soldat israélien pendant des manifestations à Nabi Saleh. Le fait qu’il ait été blessé a conduit Ahed à affronter, et à gifler, les soldats qui tiraient sur des enfants à partir du perron d’entrée de sa maison.

Mohammad

Sur le plan diplomatique, beaucoup des pays qui étaient déjà inquiets quant au mauvais traitement des enfants  palestiniens dans les prisons militaires israéliennes ont donné de la voix. Les  U.SA. ont déclaré qu’ils étaient « "profondément inquiets » au sujet de la détention de mineurs. Des diplomates du monde entier ont été mobilisés pour être observateurs  au procès de Ahed, avec des  représentants de l’Allemagne, de la France, de la Belgique, de l’Espagne, et beaucoup d’autres qui ont assisté à son procès.

(3) L’arrestation de Ahed  était censée  dissuader les jeunes Palestiniens mais au lieu de cela elle les a encouragés à s’organiser

L’armée israélienne espérait que  l’arrestation de Ahed aurait dissuadé  les jeunes de Nabi Saleh (le village de Ahed) et les Palestiniens de toute  la région de manifester. C’est le contraire qui s’est produit: les jeunes  ont été encouragés par l’action de Ahed, et les manifestations à Nabi Saleh et en d’autres lieux sont devenues plus importantes et  plus vives.

Les jeunes des villages autour de Nabi Saleh se sont joints à ses manifestations. Et les étudiants  palestiniens ont engagé le processus d’organisation d’un mot-clic #Manifestation_pour_notre_liberté. Craignant un soulèvement plus important, et ne voulant pas faire de Ahed une plus grande héroïne, l’armée israélienne a été forcée de céder  et de laisser tomber  8 des chefs d’accusation Ahed. Au lieu de passer plus de 3 ans en prison en se fondant sur ce que l'armée avait recherché au départ, elle sortira en juillet — assez tôt pour être admise en première année à l’Université. La seule chose pour laquelle elle a  été inculpée ont été les faits dans la vidéo — avoir giflé un soldat et appelé à des manifestations. L’armée a laissé tomber l’inculpation pour elle et pour sa mère d’incitation à mettre des bombes ou à poignarder, et l’inculpation d’avoir jeté des pierres. Pendant les 4 prochains mois en prison, Ahed se concentrera sur ses études  et passera son examen de dernière année.

Il est essentiel que nous racontions l’histoire d’Ahed telle qu’elle est, une histoire  de fermeté en prison et un échec de l’armée de la casser. Devant le tribunal, Ahed a déclaré: “Il n’y a pas de justice sous occupation.” Elle a raison, et c’est pourquoi cet accord de plaidoyer, aussi injuste qu’il soit, était ce qu’elle pouvait espérer de mieux et le plus grand compromis possible que l’armée israélienne, sous la pression,  pouvait accorder. Il y a 356 enfants, tous comme Ahed, toujours en détention militaire. Chaque année plus de 750 enfants sont arrêtés. Continuons à agir jusqu’à ce qu’ils soient tous libérés.

Renseignez-vous ici sur l'ENORME campagne pour faire libérer  Ahed et tous  les enfants  palestiniens: https://secure.avaaz.org/campaign/en/free_ahed_global_loc/

Date de dernière mise à jour : 12/10/2018

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