Le débat Ouest France :Marion Gorgiard / Mickael Cosson

 

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Marion Gorgiard (Nupes) et Mickaël Cosson (Ensemble), les deux candidats du second tour des élections législatives dans la circonscription de Saint-Brieuc (Côtes-d’Armor), ont débattu ce mercredi 15 juin 2022 à l’invitation de la rédaction d’Ouest-France.

Voici l’intégralité de leurs échanges, sur le pouvoir d’achat, la santé, l’environnement…

Marion Gorgiard (Nupes, France Insoumise) et Mickaël Cosson (Ensemble, MoDem) sont les deux candidats qui s’affronteront au second tour des élections législatives dans la circonscription de Saint-Brieuc (Côtes-d’Armor), ce dimanche 19 juin 2022.

À quelques jours du scrutin, la rédaction Ouest-France de Saint-Brieuc a invité les deux candidats à débattre, pendant environ une heure et demie. Voici l’intégralité de leurs échanges.

C’est quoi, selon vous, un bon député ?

Marion Gorgiard : « Ce sera celui ou celle qui va, non seulement être issu d’un territoire, mais pas spécialement, étant donné qu’à l’Assemblée nationale il va représenter et proposer des lois pour l’ensemble de la population. C’est un travail à temps plein, que je vois en tant que tel. Le député a la prérogative de pouvoir vérifier sur les territoires que les lois sont bien appliquées. En tant que femme, je veux faire respecter la parité à l’Assemblée nationale, et n’accepter aucune dépense somptuaire, n’accepter aucun don, et ne pas se laisser embarquer par les lobbies. »

Mickaël Cosson : « Le rôle d’un député, c’est de voter des lois, de contrôler ce qui peut être décidé par le gouvernement. Mais c’est aussi raccrocher aux enjeux locaux les conséquences des lois qui peuvent être votées là-haut. Il faut au sein de l’Assemblée des députés qui soient sur le terrain et conscients des décisions qu’ils peuvent prendre et des conséquences qu’elles peuvent avoir dans les différents domaines. C’est pouvoir être présent localement pour prendre la température, pour être certain que quand on va lever le bras, ce n’est pas juste par rapport à l’idée d’un parti ou d’un autre, mais quelque chose qui va répondre aux besoins du quotidien de la population. On a pu voir des députés assez hors sol, moi je veux prendre la température au quotidien. »

«En tant que femme, je veux faire respecter la parité à l’Assemblée nationale. (Marion Gorgiard)

Marion Gorgiard : « Vous vous présentez sous l’étiquette de M. Macron. Je voudrais savoir en quoi la politique qu’il a menée jusque-là répond aux besoins ? On voit bien l’appauvrissement de la population. »

Mickaël Cosson : « L’appauvrissement, il n’a pas commencé il y a cinq ans. Si on a une montée des extrêmes, il va falloir faire autrement : donner la parole aux citoyens, qu’ils deviennent acteurs. Ce n’est pas en attaquant une majorité présidentielle, mais plutôt en étant aux côtés de cette majorité pour qu’elle évolue autrement. Je n’ai pas l’impression que la situation soit pire en France qu’en Espagne ou dans d’autres pays, par contre on a tendance à oublier très vite les mesures qui peuvent être prises. On est dans une situation de crise sanitaire, géopolitique, de manque de matières premières. On oublie par exemple qu’il y a un bouclier énergétique qui a été mis en place. Avant de souffler sur les braises, il est temps de regarder ce qu’il se passe ailleurs pour se rendre compte que la situation pourrait être bien pire sans les mesures qui ont été prises. Il y a encore un gros travail à mener, mais ce n’est pas en détruisant tout qu’on réussira. Je sais bien que l’alternance, c’est tendance, mais il va falloir avancer rapidement plutôt que de vouloir détruire ce qu’a fait l’autre. »

  " Ce n’est pas en détruisant tout qu’on réussira" (Mickaël Cosson)

L’abstention est de plus en plus importante. Comment y remédier, donner envie aux électeurs de retourner aux urnes ?

Marion Gorgiard : « À partir du moment où on n’a pas de débat politique sur les plateaux télé, qu’il n’y a pas eu de communication sur l’enjeu essentiel de ces élections de la part du gouvernement, qu’on ne s’étonne pas que les électeurs ne se sentent pas mobilisés. Les électeurs sont à même de comprendre que ce qu’ils vivent au quotidien, c’est le résultat des propositions ou des projets de lois votées à l’Assemblée nationale, le résultat du travail des députés, le résultat des remontées territoriales. Les électeurs ont tout intérêt à s’emparer de la question politique, qui n’est pas un vilain mot. »

Mickaël Cosson : « Deux choses m’inquiètent : d’une part cette abstention qui ne cesse d’évoluer, d’autre part les gens qui se tournent vers des choix radicaux. Dans la vie démocratique, il faut des alerteurs, des extrémités, mais ce n’est pas comestible. Dès lors que ces extrémités commencent à être de plus en plus importantes, il faut commencer à traiter le mal. Il va falloir ces cinq prochaines années réconcilier les gens avec la politique. Aujourd’hui, il manque de pédagogie, de concertation, et d’impliquer davantage la population aux décisions. Le député a un rôle à jouer, tout au long de son mandat. Si aujourd’hui les gens tournent le dos aux élections, c’est qu’ils n’ont pas l’impression que la personne qu’ils vont élire va apporter quoique ce soit. »
 

Selon vous, quelle est la mesure prioritaire pour améliorer le pouvoir d’achat ?

Marion Gorgiard : « C’est un décret que M. Macron aurait pu tout à fait mettre en place. Un décret qu’on appliquera dès le premier jour de notre mandat : le blocage des prix des produits de première nécessité. Ça va toucher à l’alimentation, à l’énergie, au carburant. Ce qui fait au quotidien la vie des gens. Quand on donne un petit chèque alimentaire par ci, une petite aide à l’emploi par là, on ne résout pas le problème. C’est un sujet qui doit se résoudre sur le long terme. Ensuite, il faudra encadrer très rapidement le prix des loyers, augmenter à 1 500 € le net le Smic, faire en sorte que plus’aucun revenu ne soit en dessous du seuil de pauvreté à 1 063 €, remonter les retraites, qui ne pourront plus être en dessous du Smic également. »
Selon vous, un ministre qui perd aux législatives doit-il être poussé à la démission ?

 

Pour financer tout cela, comment faites-vous ?

Marion Gorgiard : « Ce sera un appel d’air énorme. À partir du moment où on a créé de l’emploi, on remonte les salaires, on remet à égalité les salaires femmes-hommes, ce sont des cotisations sociales qui viennent alimenter ces mesures. Il y aura une aide au TPE et PME pour augmenter ces salaires, avec une taxation progressive des entreprises. L’idée est que les très grosses entreprises du Cac 40 paient leurs impôts sur les sociétés en France. C’est un projet global, qui est chiffré. »

Monsieur Cosson, votre priorité sur le pouvoir d’achat ?

Mickaël Cosson : « Prendre une série de mesures dès le 1er juillet : une revalorisation des salaires, atteindre un minimum à 1 100 € pour les retraites, maintien du bouclier énergétique, permettre aux gens de se tourner vers un mode de déplacement qui leur permet à la fin du mois plus de trésorerie, je pense aux véhicules électriques à moins de 100 €, c’est aussi rénover 700 000 logements pour diminuer les coûts énergétiques, mettre en place le versement automatique des aides sociales qui permettraient à certains d’en disposer. Il faut aussi retrouver le plein-emploi, en attirant des entreprises. Pour moi, ça ne passe pas par une taxation plus importante. Il faut aussi des actions concrètes auprès de nos jeunes. Il faut leur donner la possibilité d’aller vers des enseignements dans lesquels ils pourront s’épanouir. Ce n’est pas une mesure seulement qui sera la solution, c’est une série de choses. Tout cela, dans l’ordre du possible. Il faut avoir aussi accès à la réalité, même si je sais bien qu’on est en période « Nupesiale ». Tout cela, il faut pouvoir le financer. »


Même question qu’à Madame Gorgiard : comment vous financez cela justement ?

Mickaël Cosson : « Sans augmentation d’impôts, avec des solutions d’économies, dans le cadre aussi du Plan de relance. Avec toujours une obligation : ne pas augmenter les impôts du contribuable. Tout cela a aussi été chiffré, c’est déjà dans les cartons, il n’y a plus qu’à en faire profiter la population. »

Marion Gorgiard : « Je ne sais pas s’il n’y a « plus qu’à » dans les cartons, mais ce que je sais c’est que ce sont toujours les mêmes dont on baisse les impôts. Il s’agit d’un élastique sur lequel on a tiré pendant toutes ces années. Nous, on propose des impôts sur quatorze tranches. À partir du moment où on paie moins de 4 000 € d’impôts, on en paiera moins après. Il est essentiel que chacun puisse contribuer ; c’est avec cela qu’on finance les mesures de l’État, et les services publics. Les gens doivent aujourd’hui se déplacer sur des kilomètres pour y accéder, parce qu’on a fermé des trésoreries ou des postes. Il faut que la population ait accès à ses droits les plus essentiels. On se rend compte dans quel état de désaffection sont nos services publics. »
 

Mickaël Cosson : « Sur le service public, je suis fonctionnaire d’État, et je sais un peu comment il a pu se dégrader. Cela a d’ailleurs débuté sous un gouvernement de gauche si je me souviens bien, à partir de 1981. Gauche et droite ont continué, jusqu’à ce qu’on se rende compte que le service public était nécessaire. »

Marion Gorgiard : « Étonnant, non ? »

Mickaël Cosson : « Je ne vous coupe pas Madame Gorgiard, laissez-moi continuer ! Sur le service public, il y a 40 Maisons France-Service qui vont être ouvertes sur notre territoire, pour permettre aux gens d’avoir accès à leurs droits, pour avoir une simplification administrative, car effectivement il y a une fracture numérique et il ne faut pas le nier. Cela va faciliter le quotidien des gens qui peuvent avoir des difficultés pour renouveler la carte Vitale, avoir ses droits à la retraite, etc. »

Marion Gorgiard : « Je veux bien que le gouvernement ait fait soi-disant ce qu’il fallait, qu’il rajoute des mesures de service public de proximité. Il promet des tas de choses, qui n’ont pour la plupart pas été mises en œuvre par rapport aux promesses de M. Macron en 2017. Pourquoi on croirait cette fois-ci le discours de quelqu’un qui a toujours mis en œuvre des mesures bénéficiant aux plus riches ? Je prends juste une mesure concernant les handicapés : la déconjugalisation de l’Aide adulte handicapé (AHH). Pourquoi les députés LREM ne l’ont pas voté ? »
Sur ces promesses, une réponse Monsieur Cosson ?

Mickaël Cosson : « Généralement, je dis ce que je fais, et je fais ce que je dis. Je n’oublie pas non plus que la suppression de la taxe d’habitation, elle a bénéficié quand même à une bonne partie des ménages. »

Marion Gorgiard : « Et elle est arrivée où cette taxe d’habitation ? Elle servait à payer quoi ? »

Mickaël Cosson : « Alors vous, vous avez une faculté de pouvoir dire aux gens de se taire, mais par contre… »

Marion Gorgiard : « Vous m’avez interrompu également ! »

Mickaël Cosson : « Pour finir, si Madame Gorgiard le veut bien, la taxe d’habitation bénéficie quand même à 80 % des ménages, les 20 % autres étant les plus riches. Sachant que les locataires en bénéficient totalement, car ils n’ont pas de taxe foncière. C’est quelque chose de concret. D’autres actions comme cela sont à venir : la suppression de la redevance télé par exemple. Je considère qu’il faut pouvoir coller le plus à la réalité. Sur l’AAH, je suis d’accord, c’est une aberration sur laquelle il va falloir se pencher. »

Comment fait-on pour améliorer l’accès aux soins et les services de santé ?

Marion Gorgiard : « Le premier sujet, c’est la tarification à l’activité. Pourquoi on est passé à cela, alors qu’on pouvait tout à fait, dans le cadre d’un service public, qui est la santé de toute la population, passer à des soins qui sont payés au coup par coup. Des médecins pouvaient tout à fait être salariés de la structure dans laquelle ils officient. Que ce soient les médecins de ville et surtout à l’hôpital public. Le point d’indice des soignants et des infirmiers n’a pas été relevé depuis 2010, on met en concurrence les établissements de santé sous couvert de mutualisation des services, ou de construction de nouveaux hôpitaux. Combien de kilomètres on doit faire pour aller accoucher ? Quelle mise en danger de la population à partir du moment où on est même plus capable de trouver et d’avoir anticipé le remplacement des soignants pendant l’été ? Si on regarde sur l’ensemble des Côtes-d’Armor, on a laissé des déserts médicaux s’installer, on se retrouve avec des déplacements journaliers de patients qui vont dans la structure la plus adaptée. Cela fait très longtemps que les soignants tirent la sonnette d’alarme. On nous parle juste des coûts que cela va induire… »

 Cela fait très longtemps que les soignants tirent la sonnette d’alarme (Marion Gorgiard)

Mickaël Cosson : « Il y a une grande détresse aujourd’hui dans le milieu hospitalier, qui s’est dégradé au fil des années. Il y a un plan de sauvetage à apporter à l’hôpital public. Ça passe par un recrutement important d’infirmiers et d’aides-soignants, par la suppression du numerus clausus. On n’a pas anticipé le remplacement des médecins, on a dégraissé le mammouth, sans tenir compte des besoins essentiels. Ça passe aussi par une valorisation des salaires. Les conditions de travail dans lesquelles beaucoup se retrouvent, dans les hôpitaux mais aussi dans les Ehpad… Il va falloir les améliorer. Et apporter une fierté aux soignants. Car on a été nombreux à les applaudir au moment du Covid, il va falloir continuer à le faire pour qu’on retrouve cette vocation chez les jeunes. Je suis inquiet car les écoles d’infirmières manquent aujourd’hui de candidats. Il va falloir avoir une action auprès des communes pour avoir un maillage médical : ce n’est pas normal aujourd’hui que pour aller voir un dermato on soit obligé de prendre la voiture jusqu’à Rennes et attendre six mois. »

  "Il y a un plan de sauvetage à apporter à l’hôpital public" (Mickaël Cosson)

Comment on fait pour faire venir des médecins sur notre territoire ?

Mickaël Cosson : « ça passe par l’attractivité, mais il faut que les étudiants en médecine aillent sur le terrain. J’ai été fonctionnaire d’État, et quand j’ai eu mon concours, on me demandait où j’avais envie d’aller. On m’a affecté sur un lieu où il y avait des besoins. Quand on a eu un financement pour se former et exercer dans la médecine, il faut, par exemple sur deux ans, se dire ce qu’on peut apporter sur son territoire pour répondre aux besoins. »

Marion Gorgiard : « Je repose la même question : pourquoi cela n’a-t-il pas été fait avant ? »

Mickaël Cosson : « Je vous pose la même question, parce que ça dure depuis un moment… »

Marion Gorgiard : « Je suis désolé, nous ne sommes pas au pouvoir. À partir du moment où on s’est amusé à supprimer autant de lits pendant le quinquennat qui vient de se passer… Je suis d’accord, cela avait commencé avant et la mesure n’avait pas été prise. »

Mickaël Cosson : « Juste, pour bien comprendre : avant 2017, la sensibilité que vous représentez, le truc Nupes là, était bien au pouvoir ? »

Marion Gorgiard : « Non, je ne me reconnais pas dans les visions libérales qui ont été appliquées avant le quinquennat de M. Macron, que ce soit très clair. Là, on constate les mêmes choses, ou presque, mais en attendant, cette suppression de lits, par rapport en plus à la crise Covid, où ça n’a absolument pas été résolu, qu’on s’est retrouvé avec des soignants habillés de sacs-poubelles, des masques en stocks défaillants, qu’on a eu à peu près aucune transparence sur l’impact de cette épidémie en France… À partir de là, pourquoi, encore une fois, on écouterait des gens qui nous promettent le mieux avec des mesures qui n’ont jamais vraiment été prises auparavant ? Qui a pris vraiment la mesure de ce qui s’est passé à l’hôpital ? Qui vraiment a envie de la résoudre, franchement ? Donc vous désavouez la politique de M. Macron appliquée jusqu’à maintenant ? »

Mickaël Cosson : « Non, je vous annonce que quand on parle d’un plan de sauvetage, c’est bien pour annoncer des moyens. »

Marion Gorgiard : « Mais ce plan de sauvetage, pourquoi n’a-t-il pas été mis en place avant ? »

Mickaël Cosson : « Vous n’êtes pas amnésique, vous savez qu’il y a eu des gouvernements socialistes avant. »

Marion Gorgiard : « On ne va pas revenir dix ans en arrière. À partir du moment où on constate ces urgences, que vous avez l’intention d’appliquer la politique gouvernementale, comment vous faites pour mettre en place le plan d’urgence qui aurait dû être mis en place auparavant ? Il n’y a pas que le plan Sécu qu’il faut remettre en place. Il faut également, pour combattre les déserts médicaux, créer des centres médicaux pluridisciplinaires. Faire également beaucoup de prévention, éviter qu’on se retrouve avec des maladies chroniques dues à des pollutions qui nous impactent tous, qu’elles soient de l’air, de l’eau, ou même les dangers concernant notre alimentation. Qu’est-ce qu’on fait pour les moyens des centres médicaux psychologiques ? On n’a quasiment plus de soignants en psychiatrie qui sont capables de faire face. C’est scandaleux. C’est étonnant, parce que la santé, on nous ramène tout au financier. Les établissements, il faut regarder combien ça coûte, pareil pour le point d’indice des soignants. En fait, il faut partir des besoins des gens et s’il faut des moyens, on les met. Il ne faut pas regarder ça comme une entreprise. »

Êtes-vous favorable au parc éolien en baie de Saint-Brieuc ?

Mickaël Cosson : « C’est une manière de pouvoir tendre vers l’autonomie énergétique de la Bretagne et c’est une nécessité. Il ne faut peut-être pas leurrer les gens longtemps. Lorsque vous avez des éoliennes en cours de fabrication, le parc éolien, on peut être pour ou contre, il faut surtout trouver un consensus avec le milieu de la pêche, sachant qu’aujourd’hui ces éoliennes se feront. Et une fois qu’elles seront faites, il faudra tendre vers d’autres types d’énergies, pour renforcer toujours plus notre autonomie énergétique. Dès lors qu’on est tributaire d’énergies importées, dès qu’il se passe quelque chose dans le monde, les prix flambent, on le voit aujourd’hui. L’environnement ne doit plus être un sujet, ça doit être l’épine dorsale de toutes les décisions qu’on est amené à prendre. On doit développer l’économie avec cette donnée-là, dans tous les domaines. L’environnement ne doit pas être quelque chose qu’on agite pour avoir des voix, cela ne doit pas être l’apanage d’un seul parti.

 "L’environnement doit être l’épine dorsale de toutes nos décisions" (Mickaël Cosson)

Marion Gorgiard : « Les travaux du parc éolien sont bien avancés, on se retrouve face à quelque chose qui nous désole. Nous n’avons pas forcément, au sein de la Nupes, les mêmes points de vue sur ce sujet. Nous n’avons rien contre l’installation d’éoliennes, car il faut pouvoir passer à une énergie renouvelable d’ici les 20 ans qui viennent. En revanche, l’attribution de ce projet est plus que contestable. Au moins, le travail du député sera de demander une commission d’enquête sur cette attribution. Iberdrola est plus que contestée et contestable sur sa manière de faire. Sur l’environnement, nous avons l’intention d’inscrire dans la Constitution française la règle verte. Il s’agit de ne plus pouvoir prendre à la nature ce qu’elle est capable de reconstituer. Nous ne pourrons plus proposer des lois qui contreviennent à cette règle verte. Nous avons la même pour l’eau, la règle bleue, pour revenir à des rivières propres d’ici à quelques années. »

"Le travail du député sera de demander une commission d’enquête sur cette attribution" (Marion Gorgiard)

Sur les algues vertes, comment fait-on pour améliorer les choses ?

Marion Gorgiard : « On ne peut pas continuer comme ça, avec l’azote qu’on importe d’un côté, d’Amérique latine, pour nourrir notre cheptel, et de l’autre continuer d’accepter des agrandissements de fermes, des fermes usines qui s’installent avec des centaines de milliers de volailles. Cela touche à l’absurde. On est sinistré par les algues vertes et on continue d’accepter ces agrandissements qui viennent polluer nos rivières. Il faut vraiment limiter la taille des cheptels. Ce n’est pas mettre en danger notre agriculture. Elle a besoin de revenir à une autonomie fourragère, de repasser à une polyculture qui existait il y a quelques années. Cela veut dire s’opposer aux traités de libre-échange, puisque c’est ça qui le permet. Mettre en concurrence les pays sur l’alimentation, ce n’est pas la bonne solution. Nous préconisons le retour à une alimentation bio et paysanne, qui devrait être la norme, sur tout le territoire. Pour cela, il faut revoir la Pac (Politique agricole commune). »
 

Mickaël Cosson : « En tant que maire d’Hillion, j’y suis forcément confronté. Mon action a été de mettre les gens autour de la même table. Certaines personnes préfèrent être des lanceurs d’alerte et se rassembler le samedi sur une plage, moi je préfère travailler avec les agriculteurs. Il faut avoir l’accompagnement nécessaire d’un point de vue technique et financier pour tendre vers une agriculture plus vertueuse. Le bio est une solution, mais ce n’est pas la seule. Il vaut mieux tendre vers une agriculture vertueuse, sans incriminer plus un type d’agriculture que l’autre. Il faut aussi tendre vers l’autonomie alimentaire, grâce à une multi-activité. Ces différentes mesures doivent être accompagnées par l’ensemble des collectivités de Bretagne, mais aussi l’Europe et l’État. Je ne sais pas si on y arrivera en se coupant de l’Europe. Pour moi, c’est un ensemble. Il ne s’agit pas de mettre notre écosystème par terre, mais de le rendre vertueux, pas en étant radicaux, car cela rajoute des problèmes. Le profil de nos rivières s’est amélioré, même si c’est encore insuffisant pour empêcher la prolifération des algues vertes. Il faut accompagner fortement les agriculteurs, sans fermer les yeux sur ce qui se passe autour. »

Marion Gorgiard : « On est tout à fait en capacité de réduire notre cheptel d’au moins un tiers, comme en Hollande, où la population était tout à fait d’accord. L’impact a été fortement diminué de cette manière. Vis-à-vis de l’agriculture intensive, des lobbys qui entretiennent ces expansions des exploitations porcines ou de volailles, et des financements qui leur sont sans cesse attribués, est-ce que clairement, on fait des choix politiques et on s’oppose à la mainmise de la FDSEA, pour ne pas la citer, sur l’agriculture bretonne ? Pour ça, il faut du courage politique.

Mickaël Cosson : « C’est pour ça qu’un sous-préfet a été nommé il y a 5 mois. Les agriculteurs ont deux ans pour rendre leur activité vertueuse. C’est du concret. »

Quelle question souhaitez-vous poser à votre adversaire ?

Marion Gorgiard : « Sur les algues vertes, à quel point serez-vous un député qui va s’opposer à la politique de M. Macron, qui est un désastre ? »

Mickaël Cosson : « Je vais être très à l’aise. Je me consacre à ce sujet depuis 7 ans. J’ai carte blanche pour pouvoir trouver la solution. Ça passe par des actions concrètes d’un point de vue technique, financier et administratif. C’est ce que j’ai essayé d’obtenir en tant que maire et je pense que j’aurai encore plus de latitude en étant député. Ça passe aussi par une évaluation du mode de ramassage. S’il y avait une marée noire en baie de Saint-Brieuc et qu’on agissait de la même manière, on cirerait au scandale. Il faut que tout soit fait pour éviter l’échouage. C’est pour tout ça que je ferai partie de la commission environnement si je suis élu député. Je veux que la Bretagne vive en respectant son environnement, ce sera mon action au quotidien en tant que député. Pensez-vous que le président n’a pas envie de résoudre le problème breton ? »

Marion Gorgiard : « Vous n’avez pas répondu à ma question. »

Mickaël Cosson : « Si, je vous ai dit que j’aurai carte blanche. »


Monsieur Cosson, à votre tour de poser une question à Madame Gorgiard.

Mickaël Cosson : « Comment on va faire pour continuer à développer la Bretagne, qui est beaucoup dépendante des fonds européens, si on adopte une position radicale sur l’Europe ? »

Marion Gorgiard : « Je n’ai aucun souci particulier avec l’Europe, à partir du moment, par exemple, où les lois européennes sur l’environnement sont mieux-disantes que les lois françaises, où des fonds sont attribués en lien avec notre programme, où l’Europe serait vraiment solidaire, où elle ferait en sorte de développer davantage d’économies sociales et solidaires. Ce qui nous pose problème, c’est de mettre un cadre d’austérité imposé par quelques technocrates qui ne sont même pas élus, pour imposer aux pays des réformes structurelles qui les empêchent de mettre en place des mesures sociales. On peut tout à fait accepter un traité, mais se démarquer de deux ou trois de ses chapitres auxquels on s’oppose. »

Pour finir, vous avez carte blanche, pour parler du sujet de votre choix…

Marion Gorgiard : « Je vais revenir sur l’enjeu de ces élections. On a vraiment deux visions du monde très différentes. C’est le stop ou encore. Est-ce qu’on continue dans la même direction, est-ce qu’on défend encore le capital, ce qui est inconciliable avec les mesures environnementales qu’il faut mettre en place ? L’enjeu est de mettre en place une cohabitation entre le gouvernement pour le moment en place de M. Macron et l’Assemblée nationale, et revenir à un partage des pouvoirs beaucoup plus parlementaire. Ces enjeux sont énormes car c’est là que sont votées les lois qui impactent le quotidien des gens. Notre devoir, cette semaine, est de montrer que tout ce qui semblait impossible il y a encore quelques semaines, le devient. Si vous souhaitez vraiment qu’on accomplisse ce que vous souhaitez, donnez-en moi les moyens, avec votre vote. Je m’engage à être une députée exemplaire. »

Mickaël Cosson : « Je voulais parler de notre jeunesse, car on est ici pour construire notre avenir, et surtout celui de nos enfants. Quand on parle d’études supérieures, ou de formations qualifiantes, souvent on peut se retrouver en difficulté pour accompagner nos enfants. J’aimerais aider les familles sur ce sujet et permettre aux jeunes d’avoir accès aux études dont ils ont envie. Une loi qui permettrait l’accès à une formation pour tous serait une très bonne chose. En tant que député, j’apporterai des solutions, donc forcément du positif. Il faut donner confiance, réconcilier les habitants avec la politique, dans un climat un peu plus positif et un peu moins anxiogène. J’ai envie que cette circonscription dispose d’un député positif, qui fasse rayonner son territoire et le représente du mieux possible à l’Assemblée nationale. »

Date de dernière mise à jour : 16/06/2022

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